Jusqu'il y a deux jours, les fondements du Web étaient simples. Le HTML était un standard normalisé par le W3C et les éditeurs proposaient des navigateurs qui géraient au mieux les différentes générations du standard.
Les responsabilités respectives du développeur et de l'utilisateur étaient claires. Le développeur travaillait à rendre le HTML et le JavaScript le plus indépendant possible des déclinaisons HTML des éditeurs, et l'utilisateur choisissait librement son navigateur.
Aujourd'hui ça n'est plus le cas, le webmaster peut suggérer au navigateur une méthode pour traiter et afficher son contenu. Plus même qu'une suggestion, le développeur choisit pour l'utilisateur. Le prétexte technique provient de l'introduction par Microsoft d'une balise <meta> destinée à
faciliter la gestion de la compatibilité d'Internet Explorer (IE) 7 et 8 :
<meta http-equiv="X-UA-Compatible" content="IE=EmulateIE7" />
Google l'a rapidement détourné en publiant
Google Chrome Frame, extension d'IE qui remplace le moteur de rendu d'IE par celui, plus rapide et plus fidèle à HTML 5, de Chrome. Les développeurs deviennent prescripteurs du moteur de rendu de Chrome en ajoutant la ligne suivante à leurs pages Web :
<meta http-equiv="X-UA-Compatible" content="chrome=1">
Avec Chrome Frame installé, toute page Web chargée par IE et qui contient cette ligne est en réalité traitée par Chrome au sein d'IE. Chrome dans IE c'est plutôt une bonne chose pour les internautes. Moi qui suis plutôt familier des outils Microsoft, j'ai adopté Chrome sans tergiverser tant Chrome apparaît rapide et léger comparé à IE. Google Chrome Frame va donc donner un coup de jeune à IE -- qui peut même y gagner.
Ce qui est gênant c'est que cet évènement sonne la fin du HTML et le début des HTML. Pour la première fois le HTML quitte la voie "a-navigateur" et peut prendre parti pour un dispositif de rendu. La guerre entre éditeurs se diffuse côté serveur et affecte le HTML.
Va-t-on, par cette astuce technique, assister à une explosion de jargons HTML visant chacun une version de navigateur ? Faudra-t-il installer tous les navigateurs du marchés pour tout voir du Web ?
Mise à jour du 30 septembre. Mitchell Baker, président de la Mozilla Foundation,
va dans le même sens. Il voit dans Google Chrome Frame un danger de fragmentation des technologies du Web et de perte de contrôle des utilisateurs :
Imagine having the Google browser-within-a-browser for some sites, the Facebook browser-within-a-browser for Facebook Connect sites, the Apple variant for iTunes, the mobile-carrier variant for your mobile sites — all injected into a single piece of software the user thinks of as his or her “browser”. Each browser-within-a-browser variant will have its own feature set, its own quirks, and its own security problems.
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